L'Allemagne et l'Italie reculent. Le mois dernier, le Parlement européen a voté à 340 voix sur 640 pour interdire les véhicules thermiques dans l'UE à partir de 2035, mais maintenant deux États membres clés s'y opposent.
Technologie de conservation et emplois
Cette semaine, c'est le gouvernement allemand qui a exprimé sa volonté de ne pas voter sur le texte. Berlin entend protéger ses constructeurs, notamment Porsche, qui investit dans la recherche de nouveaux carburants synthétiques à faible teneur en produits pétroliers. Une essence moins polluante pourrait sauver les moteurs thermiques, selon l'exécutif allemand.
"Nous devons préserver la liberté de choisir la technologie", a commenté Christian Lindner, ministre des Finances des démocrates libres d'Allemagne. Il veut une interdiction complète des moteurs à essence pour ceux qui utilisent ces nouveaux carburants miracles.
Du côté italien, le rejet de l'interdiction a été retardé. Les eurodéputés de la coalition gouvernementale dirigée par Giorgia Meloni ont déjà voté contre le texte au Parlement européen. Depuis son adoption, le ministre des Transports Matteo Salvini a fermement rejeté le projet car, selon lui, le temps d'adaptation est trop court et il y a un risque que de nombreuses personnes en Italie perdent leur emploi.
Pour mémoire, la France a aussi tenté de repousser l'échéance tout en protégeant ses intérêts. L'exécutif veut une exception à l'interdiction des voitures hybrides jusqu'en 2040. Ce moteur est très populaire en France (30% des immatriculations en 2022) et est la technologie utilisée par Renault et Stellantis.
Vote reporté sine die
L'interdiction de tous les moteurs hybrides et essence proposée par la Commission européenne en juillet 2021 sera approuvée dans un premier temps le 28 février puis le 7 mars. La réunion du Conseil de l'UE, qui réunissait les ministres des 27 États membres, a finalement été reportée en raison des défections de l'Allemagne et de l'Italie.
Pour cause, l'interdiction doit être votée par au moins 55 % des États membres (au moins 65 % de la population de l'UE). L'Allemagne et l'Italie comptent à elles seules 143 millions d'habitants, soit près d'un tiers de la population de l'UE.
Ce sont bien sûr deux poids lourds de l'industrie automobile européenne. L'Allemagne reste le premier constructeur automobile en Europe. En 2020, malgré le Covid, 3,5 millions de voitures particulières sont sorties de l'usine outre-Rhin. Le groupe Volkswagen reste le deuxième constructeur mondial en termes de ventes.
L'Italie, pour sa part, représentait 15 % de la production européenne dans les années 80 et 90 et a depuis été dépassée par l'Espagne, la République tchèque et la Slovaquie, mais continue de produire 1,5 million de voitures par an.
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